
Le système des retraites en France est à nouveau sous le feu des projecteurs. Le jeudi 20 février 2025, la Cour des Comptes a rendu un rapport très attendu au Premier ministre François Bayrou, dressant un état des lieux précis des finances du régime des retraites.
La dernière réforme date de 2023 et avait pour but d’améliorer l’équilibre financier du système. Mais la France fait face à un déficit grandissant qui pourrait s’aggraver au fil des décennies. Les projections vont jusqu’en 2045 et annoncent un déséquilibre structurel, mettant en péril la pérennité du modèle actuel basé sur la répartition. Le système de répartition signifie que les cotisations des actifs financent directement les pensions des retraités.
Ce constat relance le débat sur la nécessité de nouvelles réformes et sur les solutions possibles pour garantir l’avenir des retraites.
Le 20 février 2025 dernier la Cour des Comptes a donc rendu son rapport qui donne une vision plus claire de la situation financière du système. Selon le rapport, la France pourrait enregistrer un déficit de 15 milliards d’euros en 2035 et jusqu’à 30 milliards en 2045.
Cette estimation s’explique par plusieurs facteurs. premièrement, l’espérance de vie continue d’augmenter, ce qui allonge la durée pendant laquelle les retraités perçoivent une pension. En 1970, la durée moyenne passée à la retraite était de 10 à 15 ans ; aujourd’hui, elle dépasse 20 ans et pourrait encore augmenter d’ici à 2045.
D’après le bulletin de la Banque de France la croissance économique et la productivité stagnent depuis la fin du Covid. Notant une baisse de 8,5 % de la productivité du travail par rapport à la tendance pré-pandémiece qui limite l’augmentation des salaires et, par conséquent, des cotisations sociales – la principale source de financement des retraites.
Les réformes passées ont freiné la détérioration du système, mais sans garantir son équilibre à long terme. D’après le rapport, même la réforme de 2023, qui a repoussé l’âge de départ à la retraite, ne permettrait pas de contenir le déficit jusqu’en 2030. Après cette date, les dépenses continueraient d’augmenter plus rapidement que les recettes.
Pourtant, en 2023, la France avait enregistré un excédent de 8,5 milliards d’euros, notamment grâce au report de l’âge de départ à la retraite et à l’inflation, qui avait fait progresser les recettes fiscales.
Dans son communiqué la Cour des Comptes affirme que certains régimes de retraite sont en excédent, comme ceux des professions libérales et des avocats, qui affichent un surplus de 9 milliards d’euros. D’autres, en revanche, sont déficitaires, avec notamment un déficit de 2,5 milliards d’euros pour le régime des fonctionnaires.
Le journal Le Point perçoit le financement des retraites des fonctionnaires comme un coût plus élevé pour les contribuables, car l’État contribue davantage à leur régime que pour les autres salariés.
On a aussi vu BFMTV affirmer qu’en 2023, le budget annuel des retraites en France s’élève à environ 390 milliards d’euros, soit 14 % du PIB.
Ce jeudi 27 février 2025, conformément à la demande du Premier ministre François Bayrou, les partenaires sociaux ont entamé des négociations pour une durée de 3 mois. Elles sont attendues comme difficiles. L'objectif est de rétablir l'équilibre financier du système d'ici 2030. Le syndicat Force Ouvrière s'est retiré dès le premier jour des négociations. Lors de ces discussions la CFDT a choisi de revenir sur le relèvement de l'âge de départ à 64 ans et de mieux prendre en compte la pénibilité au travail. Le gouvernement français a exigé que les négociations sur la réforme des retraites aboutissent à un équilibre financier.
Pour finir face à un déficit qui ne cesse de croître, le gouvernement pourrait explorer plusieurs pistes pour rééquilibrer le budget des retraites : repousser l’âge de départ, allonger la durée de cotisation ou encore, augmenter les cotisations.
La Cour des Comptes énonce le fait que ces solutions pourraient rapporter plusieurs milliards d’euros, mais elles risquent aussi de susciter des tensions sociales et des oppositions. Le défi sera donc de trouver un équilibre entre nécessité financière et acceptabilité par les travailleurs et les retraités.
Face à ce constat, Olivier Rull, cofondateur de Caravel, souligne que "plutôt que de voir la capitalisation comme une opposition à la répartition, il est temps de la considérer comme un complément essentiel permettant de construire un système de retraite plus résilient face aux enjeux démographiques, sociaux et environnementaux à venir."