Les inégalités économiques entre hommes et femmes sont une réalité persistante, malgré des avancées notables. Si les femmes épargnent de plus en plus aujourd’hui – en moyenne 210 euros par mois, contre 280 euros pour leurs homologues masculins* – elles restent largement sous-représentées dans le monde de l’investissement. Seulement 11 % d’entre elles placent leur argent en bourse, contre 24 % des hommes**. Comment expliquer cette différence ? Quelles solutions peut-on envisager pour la réduire ?

Un rattrapage en cours, mais encore insuffisant

Depuis plusieurs décennies, la situation financière des femmes s’est améliorée**. Leur taux d’activité a fortement progressé, soutenu par la tertiarisation de l’économie et la généralisation du salariat.** Elles ont aujourd’hui les moyens d’épargner.

Pourtant, lorsqu’il s’agit d’investissement, les femmes restent plus prudentes. L’une des explications réside dans un sentiment d’illégitimité : de nombreuses femmes estiment manquer de connaissances financières. Toutefois, lorsqu’on les interroge sur leur niveau d’information concernant leurs finances personnelles (revenus, dépenses, impôts), elles sont tout aussi renseignées que les hommes.  De plus, elles ont plus fréquemment recours à des conseillers financiers ou à leur entourage avant de prendre des décisions d’investissement. Une précaution qui peut être perçue comme une hésitation, alors qu’il s’agit d’une bonne pratique en matière d’investissement.

Un fossé patrimonial qui se creuse

Au-delà de ces comportements, des inégalités structurelles persistent, notamment en matière de capitalisation et d’accès à la propriété. Entre 1998 et 2015, l’écart de patrimoine entre les sexes est passé de 9 % à 16 %, une évolution due à l’individualisation croissante du patrimoine et à une capacité d’épargne plus faible chez les femmes.

A la retraite, ces inégalités deviennent encore plus flagrantes : les femmes perçoivent en moyenne 39 % de revenus en moins que les hommes.

Les rôles financiers au sein du couple contribuent également à cette inégalité. C’est souvent la femme qui gère le budget au quotidien, alors que les hommes prennent les décisions en matière d’investissement. L’écrivaine Titiou Lecoq évoque “la théorie du pot de yaourt” : les petits salaires gèrent les petites dépenses, les gros salaires les grosses dépenses. Ainsi, l’homme achète la voiture, tandis que la femme fait les courses. En cas de séparation, il repart avec la voiture, elle avec des pots de yaourts vides.

La formation financière, un levier essentiel

Pour combler ces écarts, plusieurs pistes doivent être explorées.

D’abord, la formation financière. Intégrer des notions de gestion de budget et d’investissement au programme scolaire permettrait de donner aux jeunes, et notamment aux jeunes filles, les clés pour mieux appréhender leur avenir économique.

Il est aussi essentiel d’encourager les femmes à se former, à échanger et à prendre confiance en leurs capacités d’investissement. La tendance semble s’amorcer avec des espaces d’apprentissage et de discussion autour des finances personnelles qui peuvent jouer un rôle déterminant.

Enfin, la répartition des responsabilités financières au sein du couple peut évoluer. Parler d’argent sans tabou et favoriser un partage équilibré de la gestion budgétaire et patrimoniale sont des enjeux cruciaux pour garantir une indépendance économique durable aux femmes.

Mais au-delà des chiffres et des tendances, c’est bien d’une question de justice et d’autonomie dont il s’agit. Car, au final, l’investissement financier des femmes ne concerne pas seulement leurs économies : il engage leur avenir.