
Finance verte : un mythe, une mode ou la nouvelle norme ?
Voici ce que l’on entend parfois sur la finance verte en 2025.
« L’investissement vert n’est pas rentable. »
« La finance verte, c’est du greenwashing. »
« Je ne m’y retrouve pas dans les labels verts, comment savoir à quoi me fier ? »
À l’heure où les produits financiers se parent de vert, il est légitime de s’interroger : la finance durable est-elle une illusion marketing, une tendance passagère ou une transformation profonde du secteur financier ? Examinons cela en détail.
Est-il rentable d’investir responsable ?
Pendant longtemps, l’idée dominante était que rentabilité et engagement responsable étaient incompatibles. Or, les données racontent une autre histoire.
De nombreuses études montrent que les entreprises bien notées sur les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) ont tendance à mieux résister aux crises et à générer une performance ajustée au risque égale ou supérieure aux entreprises classiques.
➡️ L’étude de Morgan Stanley (2020) portant sur plus de 11 000 fonds (2004–2018) a montré que les fonds durables avaient des performances similaires, voire meilleures, et étaient moins volatils pendant les périodes de turbulence. La mise à jour en 2020 a d’ailleurs révélé que, durant le premier semestre 2020, les fonds durables ont mieux résisté à la volatilité du marché induite par la pandémie (Covid-19) que leurs homologues traditionnels.
➡️ En Europe, les fonds ESG ont attiré plus de 65 % des nouveaux investissements en 2023, selon Morningstar, signe de leur attractivité croissante.
Les entreprises vertueuses anticipent mieux les risques extra-financiers : changement climatique, scandales sociaux, mauvaise gouvernance… Des éléments qui, à long terme, affectent aussi le cours en Bourse.
L’investissement durable n’est pas un sacrifice financier. Au contraire, il s’inscrit dans une logique de performance long terme et cela colle parfaitement avec un objectif comme la retraite.
L’évolution de la régulation : vers plus de transparence ?
Face à l’explosion de l’offre verte, les institutions européennes ont renforcé les garde-fous. L’objectif est de protéger les investisseurs et de redonner confiance.
Ainsi, le règlement SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) impose aux gérants de fonds de classer leurs produits selon leur engagement en matière de durabilité (article 6 = pas durable ; 8 = favorise des critères ESG ; 9 = objectif durable clair).
De plus, la taxonomie verte européenne établit une grille de lecture standardisée : une activité est "durable" si elle contribue à au moins un objectif environnemental sans nuire aux autres.
Enfin, des labels comme le label Greenfin (qui garantit l’exclusion des énergies fossiles) permettent aux épargnants de s’orienter plus facilement vers des produits vraiment responsables.
Ces outils permettent de lutter contre le greenwashing, c’est-à-dire la communication verte sans impact réel. Toutefois, tous les labels ne se valent pas, et certains restent encore trop permissifs (exemple : certains fonds labellisés "ISR"—Investissement socialement responsable—investissent dans TotalEnergies...).
S'il était difficile de s'y retrouver avant leur apparition, la réglementation vise désormais à plus de clarté. Chez Caravel nous nous engageons à ne sélectionner que des produits financiers d’après une méthodologie d’impact rigoureuse.
Quel paysage pour la finance de demain ?
En 2025, la finance verte avance à grands pas, poussée par une demande croissante des épargnants, des pressions réglementaires renforcées et une prise de conscience généralisée des enjeux climatiques. L’image du capitalisme court-termiste laisse peu à peu place à une vision plus durable et plus responsable de l’investissement. Mais cette évolution reste en partie freinée par des résistances structurelles.
Du côté des signaux positifs, on observe une nette montée en puissance des investisseurs particuliers, en particulier parmi les jeunes générations. De plus en plus de personnes souhaitent donner du sens à leur argent et refusent de financer des activités nuisibles à la planète ou à la société.
Mais malgré ces avancées, la finance durable reste confrontée à de nombreuses limites. La majorité des flux financiers mondiaux continuent de se diriger vers des secteurs peu vertueux, comme les énergies fossiles, l’armement ou l’agriculture intensive. Les grandes institutions financières, bien qu’affichant des engagements climatiques dans leur communication, conservent souvent d’importantes participations dans des entreprises très polluantes. La logique de rentabilité immédiate continue de dominer, reléguant parfois les critères ESG au second plan.
À cela s’ajoute l’influence persistante de puissants lobbys industriels, qui interviennent parfois jusqu’au sein même des processus de définition des normes « vertes ». Certains acteurs parviennent ainsi à faire valider des activités discutables au regard de la transition écologique, en les faisant passer pour durables. Ce double discours entretient une confusion légitime chez les épargnants, qui ne savent plus toujours à qui faire confiance.
La finance de demain ne pourra faire l’économie de ces tensions. Si elle veut tenir ses promesses, elle devra franchir un cap : passer d’un simple verdissement de façade à une réorientation en profondeur des capitaux. Cela passe par une réglementation encore plus stricte, mais aussi par la mobilisation continue des citoyens-investisseurs. C’est en exigeant de la cohérence et de la clarté que nous pourrons transformer la finance en un véritable levier au service d’un futur plus juste et plus durable.
On peut donc l’affirmer, la finance verte n’est pas (plus) un mythe, et oui, elle peut être rentable. Mais elle n’est pas encore la norme. Et tout ce qui est vert n’est pas forcément vertueux.
Ce qui fait la différence, aujourd’hui, c’est la vigilance et la transparence. En tant qu’épargnant.e, vous avez le pouvoir d’orienter votre argent vers des projets réellement utiles, grâce à des outils simples, des labels fiables et des acteurs engagés comme Caravel.
La finance verte de demain ne sera pas parfaite, mais elle sera de plus en plus incontournable. Et c’est en s’y intéressant aujourd’hui qu’on contribue à en faire un vrai levier de transformation.