Le Plan d'Épargne Retraite (PER) séduit de plus en plus de français, et pour de bonnes raisons : il permet de préparer sa retraite tout en réduisant ses impôts. Selon les données du ministère de l'Économie, au troisième trimestre 2024, plus de 11 millions de titulaires avaient souscrit à un PER, avec un encours total atteignant près de 119 milliards d'euros. Mais faut-il ouvrir un PER dès que possible, ou attendre le bon moment ?

La vérité, c’est qu’il n’existe pas de réponse universelle. Le moment idéal pour ouvrir un PER dépend de votre situation personnelle, de votre fiscalité actuelle et de vos projets de vie. Voici un tour d’horizon des situations les plus courantes.

En début de carrière : épargner mais pas n’importe comment

Lorsqu’on entre dans la vie active, l’envie d’épargner est saine. Mais à ce stade, les revenus sont souvent modestes, et l’imposition limitée. Le gain fiscal d’un PER serait alors très faible, alors que l’argent serait bloqué pour plusieurs décennies.

Mieux vaut donc, dans la plupart des cas, commencer par épargner sur des supports plus souples : assurance vie, PEA... Le PER pourra venir un peu plus tard, quand les revenus auront augmenté, et que vous aurez plus de visibilité sur vos projets long terme.

Cela dit, si vous êtes déjà fortement imposé en début de carrière — par exemple si vous êtes expatrié, dans un secteur très rémunérateur ou bénéficiaire de stock-options — ou si vous disposez de ressources supplémentaires et d’un horizon d’investissement à très long terme, le PER peut s’envisager plus tôt. Et même avec de petites sommes, le fait de poser un cadre dès maintenant peut avoir un effet structurant.

Si vous n’êtes pas très imposé et que vous ouvrez un PER, il vaudra mieux ne pas déduire vos versements pour le moment (cela est modifiable à tout moment) pour bénéficier d’une imposition plus légère à la sortie.

L'augmentation des revenus : le PER devient incontournable

À partir d’une trentaine d’années, la situation financière se stabilise souvent. Les revenus s’installent, l’imposition grimpe, et la retraite… paraît encore lointaine, mais de moins en moins abstraite.

C’est le moment parfait pour ouvrir un PER et mettre en place une routine d’épargne régulière. Chaque versement réduit vos impôts, bien sûr, mais surtout, il construit une épargne qui ne sera pas tentée par les coups de cœur du quotidien. C’est de l’argent “intouchable”, dans le bon sens du terme : vous savez à quoi il est destiné, et vous ne comptez pas dessus pour le reste.

Beaucoup choisissent de verser chaque année en fin d’année fiscale, pour optimiser leur imposition. Mais les plus constants mettent en place un prélèvement mensuel. Moins spectaculaire, mais plus régulier — et plus efficace. C'est d'ailleurs ce que nous recommandons.

Vous pouvez utiliser notre simulateur fiscal, qui vous aidera à estimer l’économie d’impôt que vous pourriez réaliser grâce à votre PER.

A la création de son entreprise : un moment stratégique

Lorsque l’on devient indépendant ou que l’on crée sa société, les premières années sont souvent marquées par des revenus instables, voire inexistants. Ouvrir un PER dans cette phase peut sembler prématuré. Et pourtant, dès que l’activité devient rentable, le PER devient un véritable allié.

En tant que travailleur non salarié (TNS), vous bénéficiez d’un plafond de déduction fiscale bien plus généreux que les salariés. Vous pouvez déduire jusqu’à 87 135 € euros par an (en 2025), selon vos bénéfices. Cette enveloppe permet de réduire significativement votre impôt tout en vous constituant une retraite complémentaire, souvent nécessaire étant donné qu’en tant qu’indépendant aucun plan d’épargne retraite d’entreprise n’aura été mis en place pour vous.

Le moment opportun pour ouvrir un PER, c’est donc au moment où votre activité commence à générer du bénéfice, et que vous êtes en mesure d’épargner. Mieux encore : si vous anticipez une bonne année fiscale, vous pouvez effectuer un versement juste avant la clôture pour optimiser votre imposition.

A l'obention d'un revenu exceptionnel : lisser l’imposition grâce au PER

Certaines années, vous pouvez toucher une prime importante, débloquer votre épargne salariale, vendre vos stock-options, un bien ou même céder votre entreprise. Ce type de revenu exceptionnel peut faire grimper brutalement votre impôt sur le revenu.

Dans ce cas, le PER est un excellent outil pour amortir ce pic d’imposition. En effectuant un versement significatif sur votre plan, vous pouvez réduire votre revenu imposable de plusieurs milliers, voire dizaines de milliers d’euros. Et si vous n’utilisez pas toute votre enveloppe de déduction, pas de panique : les plafonds non utilisés peuvent être reportés sur trois ans.

Non seulement il permet de réduire l’imposition liée à cette “année à part”, mais il vous évite aussi de tout diluer dans la consommation immédiate. C’est une manière de dire : “Ce surplus me servira à plus long terme.” Et de le verrouiller dans une enveloppe dédiée, sans pour autant le perdre.

À l’approche de la retraite : encore utile, mais avec prudence

Contrairement à une idée reçue, il n’est pas “trop tard” pour ouvrir un PER après 60 ans. Il n’est trop tard que lorsque vous êtes à la retraite. Si vous êtes encore imposé à 30 % ou plus, le mécanisme de déduction reste pertinent, même à la veille du départ en retraite.

L’enjeu sera alors de bien anticiper la sortie : souhaitez-vous récupérer votre épargne en capital ou en rente ? Selon le choix, la fiscalité ne sera pas la même. Mieux vaut alors planifier les modalités de sortie en fonction de votre futur taux d’imposition, et penser à lisser les retraits pour éviter un nouvel effet de pic fiscal.

Là encore, ce n’est pas qu’une histoire de fiscalité. C’est une façon de mettre à part un capital pour le transformer, à terme, en complément de revenu. Cela peut sécuriser votre transition de l’activité vers la retraite, en évitant des retraits désorganisés ou une gestion en flux tendus.

On entend souvent que le PER est “bloqué jusqu’à la retraite”. Et c’est vrai. Mais dans un monde où tout est accessible en un clic, ce blocage est parfois une protection. Il crée un périmètre réservé, sanctuarisé. Une zone de confiance où votre argent n’est pas à portée de main — et c’est justement ce qui fait qu’il sera encore là dans 20 ou 30 ans.

En réalité, il n’y a pas de moment universel pour ouvrir un PER. Si vous vous demandez si c’est le bon moment pour vous, prenez deux minutes pour le vérifier avec notre simulateur fiscal. Vous saurez à quoi vous attendre, en termes de gain immédiat… et vous ferez peut-être, aussi, un pas vers une épargne plus maîtrisée et plus engagée