Dans le monde fabuleux des clichés, on imagine souvent le freelance profitant de sa liberté absolue pour travailler à 3h du mat, éclairé par son écran d’ordinateur et entouré de boîtes de pizza plus ou moins vides. Ou alors, -complètement à l’opposé du spectre- on le visualise tapant gracieusement sur son ordi portable entre deux gorgées d’un café hors de prix au milieu d’un Starbucks en centre ville.
Dans la vraie vie, c’est… assez différent.
Si la liberté est toujours une caractéristique fondamentale du travailleur indépendant, elle n’est pas -ou plus- forcément liée à la solitude ou l’isolement.
(Que ce soit dans une mancave ou dans un quartier branché)
Aujourd’hui, les freelances collaborent, s’entraident, s’échangent des bons procédés, ou tout simplement se tiennent compagnie. Ils le font car ils le peuvent, mais aussi parce qu’ils en ont besoin.
Cela peut sembler un tout petit peu paradoxal de prime abord, mais en réalité, cela fait sens au point ou le monde du freelancing commence doucement mais sûrement à se "salariariser"… tout en gardant ses spécificités bien au chaud.
Une volonté de rassembler le meilleur des deux mondes dans une forme de travail hybride qui a d’ores et déjà trouvé son champion : les collectifs de freelances.
Des collectifs… de freelances ?
Le Covid a été une épreuve pour un nombre conséquent d’indépendants.
En 2021, Odoxa interrogeait plusieurs milliers de freelances pour découvrir que plus de la moitié d’entre eux avaient “beaucoup” souffert lors de la crise sanitaire. Contraintes administratives, cessation de l’activité, annulations de contrats, retards de paiements, difficultés à subvenir à leurs besoins dans leur vie professionnelle et personnelle… Comme tout le monde, ce fut dur, mais les indépendants ont clairement eu droit à une double ration d’adversité.
Au même moment, la création de collectifs a quant à elle explosé. Selon une étude Collective.work X Shine, plus d’un demi-million de freelances souhaiteraient soit rejoindre, soit créer un collectif, boostant sérieusement les données actuelles, estimées à 35 000 projets collaboratifs.
Mais avant toute chose, qu’est-ce qu’un collectif d’indépendants ?
C’est simple : il s’agit d’un groupe de professionnels qui choisissent de collaborer de manière plus étroite tout en conservant leur statut de travailleur indépendant. Contrairement à une entreprise traditionnelle, chaque membre d'un collectif reste maître de sa propre activité et de son calendrier de travail. Cependant, au sein du collectif, ils partagent des ressources, des compétences et des opportunités et missions pour bénéficier mutuellement de cette collaboration.
Et des collectifs, il en existe sous toutes les formes, et tous les statuts. Que l’on parle d’associations, d'agences, de coopératives, ou même des entités informelles comme de simples communautés sur Slack, Discord ou autre. Chaque groupe peut posséder sa propre structure et ses règles spécifiques, ce qui permet aux collectifs de s'adapter aux besoins et aux préférences de leurs membres.
Le fonctionnement interne d'un collectif dépend donc de son objectif principal. Certains se concentrent sur la mutualisation des dépenses et des ressources, tandis que d'autres se spécialisent dans la recherche de missions, la gestion de projets, ou la fourniture de services partagés ou complémentaires.
Globalement, on peut donc les séparer en deux catégories : les collectifs de collaboration, qui fonctionnent comme des agences, et les communautés.
Comment bien utiliser les collectifs en tant que freelance ?
Il en existe trop pour tous les citer, mais forcément (et ça on peut l’affirmer sans aucune goutte de sueur) : il existe obligatoirement un collectif fait pour vous.
Que vous soyez un designer en manque d’inspi ou cherchant à collaborer avec un intégrateur, un développeur souhaitant progresser sur une nouvelle techno ou un kinésithérapeute collectionneur de cartes Pokémon, dans tous les cas de figure, la communauté existe.
La seule question qui persiste, c’est pourquoi rejoindre un collectif ?
Pour trouver des missions et collaborer
L'un des défis majeurs auxquels sont confrontés les travailleurs indépendants est la recherche constante de missions. En rejoignant un collectif, vous avez d’un seul coup accès à un réseau élargi de clients potentiels et de partenaires commerciaux. Ces collectifs là agissent donc comme des plates-formes de mise en relation, facilitant la recherche de projets et de missions adaptés à leurs compétences.
Bien entendu, en vous serrant les coudes avec votre voisin de collectif, vous combinez vos expertises pour répondre à des projets plus vastes et complexes, ceux-là même qui vous auraient échappé en temps normal. élargissant ainsi leurs opportunités professionnelles.
Pour rencontrer du monde, et éviter le renfermement sur soi
Le cliché de l’introduction est certes un cliché, il n’est pas à 100% hors sujet (seulement 99% en vrai). Mais dans les grandes lignes, le freelancing peut se transformer en chemin de croix solitaire. Ce qui, sur le long terme, va impacter la motivation, la créativité et la santé de nombre d’individus.
En rejoignant un collectif, vous avez l'opportunité de rompre avec cette solitude en faisant partie d'une communauté active et solidaire. Il peut s'agir de gatherings, des rencontres physiques, ou pas. Vous pouvez échanger des memes sur Discord ou pester sur un groupe Facebook contre le client qui ne vous a toujours pas payé, tant que l'interaction est là, ça compte.
Travailleur seul peut aussi mettre un coup à l’inspiration : ne plus avoir cette flamme qui autrefois vous permettait d’avoir des idées de génie. En échangeant avec d’autres freelances -qui du coup vous comprennent- vous rechargez vos batteries pour enfin vous revitaliser.
Pour “salariariser” le freelancing et faire chuter les appréhensions
Parce que visiblement, la création d’un monde parfait n’était pas aligné avec les ambitions de la matrice, il n’existe jamais de situation vraiment parfaite. Il y a toujours au moins un élément qui nous empêche d’atteindre le nirvana corporate.
Être salarié, c’est avoir la sécurité de l’emploi (encore que) mais c’est également s’enfermer dans un train-train qui ne convient pas à tout le monde.
Être indépendant, c’est obtenir la liberté mais en payant le prix fort d’être considéré comme une sorte de paria fiscal, surtout lorsque l’on parle de la retraite des microentrepreneurs.
Les collectifs ne vont pas réinventer la roue, mais ils excellent dans leur capacité à atténuer les pressions financières et mentales inhérentes au freelancing.
Les indépendants qui les rejoignent ont souvent accès à des ressources partagées telles que la facturation, la gestion administrative, les formations, et même des avantages sociaux. Cela réduit la charge mentale liée à la gestion de l'ensemble des aspects de leur activité, leur permettant de se concentrer davantage sur leur travail.
En outre, la sécurité financière est renforcée au sein d'un collectif grâce à la répartition des risques. Les freelances peuvent se soutenir mutuellement en cas de périodes moins actives, minimisant ainsi les fluctuations de revenus. De plus, la possibilité de travailler sur des projets de plus grande envergure au sein d'un collectif peut garantir des revenus plus stables et durables. Le beurre et presque l’argent du beurre.
“Comment trouver le collectif qu’il me faut ?”
C’est le moment de vous lancer. Vous voulez en être. Félicitations.
Mais avant, il faut structurer vos besoins pour trouver le collectif qui vous correspondra le mieux :
- Définissez vos objectifs : avant de rechercher un collectif, identifiez vos objectifs professionnels et personnels. Souhaitez-vous principalement développer votre réseau, trouver des missions spécifiques, ou partager des ressources ? Vos objectifs vous aideront à choisir le type de collectif qui vous convient.
- Faites vos recherches : Google est toujours votre ami. Utilisez des plateformes en ligne dédiées aux collectifs d'indépendants pour découvrir les options disponibles dans votre domaine ou votre région. Lisez les descriptions, les avis et les témoignages pour évaluer leur adéquation avec vos besoins.
- Assistez à des événements : de nombreux collectifs organisent des réunions ou des événements ouverts aux freelances intéressés. Profitez de ces occasions pour rencontrer les membres existants, poser des questions et évaluer l'ambiance générale du collectif.
- Consultez vos réseaux : c’est le moment de retrouver son mot de passe Linkedin ou Facebook, de traquer d’anciens collègues ou de prendre des nouvelles de cette connaissance qui vous avait parlé d’un collectif précis.
- Évaluez la culture : on oublie la Ligue du LOL, avant de vous engagez, assurez-vous que la structure de gouvernance et la culture du collectif correspondent à vos valeurs et à votre manière de travailler. Certains sont démocratiques, d’autres un peu plus despotiques. Votre collectif, votre choix.
- Réfléchissez aux avantages : examinez les avantages concrets que le collectif peut vous offrir, tels que des ressources partagées, des opportunités de formation ou des avantages sociaux. Comparez ces avantages avec vos besoins et vos attentes. C’est toujours ça de pris
Allez, on avait dit qu’on ne le ferait pas, mais c’est vraiment trop difficile de résister. Alors voici une liste de collectifs (non exhaustive ! non exhaustive !) qui pourraient potentiellement vous inspirer :
Bien sûr, en premier, on pense à Collective.work, qui représente parfaitement le mouvement dans la catégorie des collectifs fonctionnant en tant qu’agences. Mais on peut également penser à Cosme, Lookoom (social media), Away We Go (tourisme), La Collab, Bulldozer, Happy Dev, plus ou moins différents les uns des autres.
Puis à toutes les entreprises ou plateformes accueillant également des communautés de freelances plus que des collectifs, on peut penser à Shine, Crème de la Crème, Comet, Freelance.com, Wemind ou Malt. Ici aussi, ces rassemblements peuvent prendre différentes formes : forums, communautés Slack, groupes sur les réseaux, sites…
Mais peu importe le canal, l’objectif reste toujours le même : créer un espace sain, collaboratif et bienveillant pour les indépendants.