La retraite est un sujet qui fait régulièrement couler de l’encre, divise et anime les débats politiques et familiaux. La dernière réforme date de 2023 mais il y a fort à parier que les choses évoluent encore au cours des prochaines années. Au printemps 2025, suite au rapport de la Cour des Comptes mentionnant un déficit du régime des retraites, le gouvernement et les syndicats se rencontrent régulièrement pour trouver des solutions.
64% des français pensent que le système des retraites va s’effondrer et quoi qu’il en soit, la baisse de revenus est importante lorsque l’on prend sa retraite. En partant aujourd’hui à la retraite, un salarié perd en moyenne 50% de ses revenus (60% pour un indépendant). Ce sera 60% en 2040. On vous laisse faire le calcul pour 2050, 2060, ...
La bonne nouvelle ? Il existe des solutions adaptées pour anticiper et sécuriser son avenir. Mais avant tout, il est essentiel de comprendre comment fonctionne le système selon son statut et son activité. C’est exactement ce que nous vous proposons de découvrir dans ce chapitre.
Bonne lecture !
Depuis plusieurs siècles, la question de la retraite en France a évolué au rythme des transformations économiques et sociales du pays. Bien avant l’instauration d’un système généralisé, certaines professions bénéficiaient déjà de dispositifs spécifiques leur permettant de percevoir une pension après une vie de labeur.
La retraite en France a connu plusieurs évolutions marquantes au fil des siècles. Dès 1673, sous l’Ancien Régime, Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des finances de Louis XIV, met en place la Caisse des invalides de la Marine. Ce système permet aux navigateurs et matelots ne pouvant plus travailler de percevoir une pension. Il ne s’agit pas encore d’un régime universel, mais c’est la première fois qu’une profession bénéficie d’une rente en compensation d’une période de vie non travaillée.
Ce n’est qu’en 1945, après la Seconde Guerre mondiale, que la création de la Sécurité sociale marque un tournant décisif. Désormais, tous les salariés sont assujettis à une véritable assurance vieillesse. C’est ainsi que naît le système de retraite par répartition encore en vigueur aujourd’hui.
A ce moment-là les travailleurs indépendants (artisans, commerçants,...) constituent généralement leur retraite avec leur fonds de commerce ou la vente de leur entreprise par exemple. Ils ne sont pas inclus dans le système de retraite initial.
Depuis 1945, il y a eu 7 réformes des retraites. Chaque réforme a suscité des débats et des mobilisations sociales importantes. Les principales mesures d’ajustement concernent toujours la durée de cotisation et l’âge de départ à la retraite.
La dernière, et celle toujours en vigueur, date de 2023. Après un long processus, marqué encore par de vifs débats, elle est adoptée et entre en vigueur en septembre de la même année. Son principal changement concerne l’âge légal de départ à la retraite, qui passe de 62 à 64 ans, allongeant ainsi la durée de cotisation des actifs.
Le système de retraite Français peut être décomposé en 3 grands piliers :
Universel et commun à tous les Français, le régime de base est obligatoire et les règles sont fixées par les pouvoirs publics. Il est géré par la Sécurité Sociale et ses organismes. Ce régime fonctionne sur le principe de répartition : les cotisations des actifs financent directement les pensions des retraités. Les droits acquis sont comptabilisés par trimestre. Un trimestre est validé lorsque l’on réalise les minimas de chiffre d’affaires requis ou de salaire perçu.
Les régimes complémentaires sont également obligatoires et sont gérés par les partenaires sociaux (et plus précisément, les caisses de retraite complémentaires). Contrairement aux régimes de base, les régimes complémentaires sont fondés sur un système par points. Ils viennent en complément de la retraite de base.
Ce sont les dispositifs d’épargne retraite collective ou individuelle. C'est sur ce niveau que vous pouvez agir, à titre individuel, en souscrivant à un contrat de type PER, assurance-vie... Contrairement aux régimes précédents auxquels vous cotisez de manière automatique si vous remplissez les critères requis, les dispositifs supplémentaires sont volontaires (et fortement recommandés). C’est ce que l’on appelle la retraite par capitalisation.
✍️ Récapitulatif
Il existe 3 régimes de retraite en France dont 2 sont obligatoires, gérés par l’Etat et les partenaires sociaux (CIPAV, Agirc Arrco,...) : le régime général et le régime complémentaire. A ces deux régimes s’ajoute un régime facultatif, que vous pouvez mettre en place par vous-même pour compenser votre perte de revenu future. Il s’agit de la retraite par capitalisation. C’est en épargnant que vous constituez ce complément de retraite, notamment avec le PER (plan épargne retraite).
Ce que nous toucherons à la retraite va donc dépendre du revenu, du nombre d’années d’activité et des régimes sociaux sous lesquels nous avons cotisé pendant notre vie active. Nous allons revenir en détail dans la suite de ce guide sur chacun de ces régimes.
Il faut avoir validé un certain nombre de trimestres pour prendre sa retraite. En février 2025, il faut en avoir validé 172 (le tableau complet des trimestres à valider selon son année de naissance est disponible dans le chapitre 2). Il est possible de partir à la retraite à 64 ans si tous les trimestres nécessaires sont validés. Sinon, l’âge de départ à la retraite à taux plein est de 67 ans.
Le taux plein est égal à 50%. Si vous voulez prendre votre retraite à 64 ans mais que le nombre de trimestres validés est insuffisant, un taux dégressif vous sera appliqué. Les trimestres sont validés selon le salaire perçu ou le chiffre d'affaires déclaré. En 2025 il faut avoir perçu un salaire ou un revenu de 1 782 € brut pour valider un trimestre.
On ne peut pas valider plus de 4 trimestres par an. Le calcul prend en compte la moyenne de votre revenu sur vos 25 meilleures années de vie professionnelle.
📚Lexique : Taux plein et âge légal de départ à la retraite
Le taux plein est le le taux maximum (50 %) appliqué au calcul de la pension de retraite lorsque l’assuré a validé le nombre de trimestres requis ou atteint l’âge de 67 ans.
L’âge légal de départ est l’âge minimum à partir duquel une personne peut prendre sa retraite (64 ans en 2025), sous réserve d’avoir validé le nombre de trimestres nécessaires pour bénéficier d’une pension sans décote. On parle ici de retraite d’Etat.
Le régime social sous lequel vous exercez votre activité est important dans la compréhension de la retraite. Pour bien comprendre ce qui s’applique dans votre cas, revenons sur les différences, par statut. Tout au long du guide, les différents statuts seront étudiés.
💡À savoir
Tous les statuts sous lesquels vous avez exercé et sous lesquels vous allez exercer au cours de votre carrière sont pris en compte dans le calcul de votre retraite.
🚨Attention : entre le 1er janvier 2018 et le 1er juillet 2024 les micro-entrepreneurs en activité libérale non réglementée n’ont pas cotisé à la retraite complémentaire obligatoire.
Dans la suite de ce guide nous allons explorer plus en détails chacun de ces piliers qui composent le panorama de la retraite en France. Commençons par le régime général.